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Writer's pictureFrançois Plattard

Victor Nirennold

Updated: May 25, 2020

De Joey Barton au Vietnam


Cet interview a été réalisé en janvier 2020 en plein mercato hivernal. Quand nous parlions à Victor il avait déjà pris la décision de quitter le Vietnam afin de reprendre sa vie de baroudeur et de découvrir un autre championnat. On a échangé entre plusieurs vols et portes d’embarquements pour revenir sur son parcours de footballeur à travers 3 continents.

Il joue désormais en Malaisie au UiTM FC


Extraits choisis


Salut Victor - tu n’as pas fait de centre de formation classique. Comment es-tu devenu pro?


(Rires) C’est vrai j'ai fait un parcours du moins traditionnel. J'ai fais une préformation jusqu'à 13 ans au Stade Rennais. Après, je me suis fait recaler pour le centre de formation. J'ai joué en amateur et futsal en continuant mes études. J’ai passé mon bac commercial et un BTS NRC. À 21 ans, je voulais faire une école de commerce en France, mais je n'avais pas le niveau requis pour être accepté. J'ai vu qu'aux Etats-Unis, c'était possible d'avoir une bourse de foot universitaire et de pouvoir étudier en même temps, et ça m'intéressait énormément. J'ai fait une vidéo de mes matches en amateur que j'ai envoyé à une société française qui a des contacts aux Etats-Unis, dans les universités, là bas, et j'ai trouvé une petite école. C'est la seule école qui m'a acceptée avec mon niveau d'anglais très faible à l’époque. C'était une toute petite école chrétienne avec 600 élèves. Après un an, j'ai transféré à Fort Lauderdale. Je faisais mes études et j'ai joué une ligue d'été avec deux anciens professionnels ,Wagneau Eloi et Éric Rabésandratana. Ils sont allés à Miami monter une équipe amateur et en gros, c'est eux qui m'ont poussé à aller jouer professionnel. Ils m'ont dit que ce n'était pas encore trop tard, qu'il y avait toujours moyen et donc ils m'ont aidé. Moi, j'ai commencé aussi à réaliser que j'arrivais à la fin de mes études. Ce n'était pas forcément ce que je voulais faire et qu'il fallait tenter quelque chose.


Et c’est comme ça que tu as fini par arriver en Angleterre?


Un agent américain a cru en moi et voilà, je suis arrivé à Fleetwood en League One (NDLR 3e division en Angleterre) J'ai fait un essai de deux semaines. J'ai fait trois matchs amicaux et j’ai signé deux ans. J’ai re-signé pour deux années supplémentaires mais j’ai résilié quand Joey Barton est arrivé.


C’est Joey Barton qui t’as poussé dehors?

L'année d'avant, j'avais des problèmes avec la direction et j'avais décidé de partir. Et à la fin de saison, je m'étais déjà arrangé avec eux pour résilier mon contrat. Mais quand il est arrivé, on a parlé, je lui ai dit que je souhaitais partir. Lui aussi souhaitait commencer un nouveau projet, pour être honnête il n'a pas essayé de me retenir non plus.


Et c’était comment de travailler avec lui?


Tout s'est très bien passé, mais pour l'homme en lui même, un super gars. Franchement, rien à voir avec l'image que les médias lui donnent. Intelligent, et super compétent il sait ce qu'il fait. Je pense que c'est juste un joueur différent sur le terrain. Mais ce qui est bien, je te dirais il faut avoir du caractère, sinon, tu te fais manger. Les personnes avec qui je suis encore au contact au club m'ont dit qu’il ira super loin dans sa carrière d'entraîneur, qu'il va monter, c'est sûr.


En quittant Fleetwood tu voulais directement aller au Vietnam?


Je suis après allé en Slovaquie pendant six mois où il ne payait pas les salaires. Du coup, j'ai arrêté mon contrat et je suis arrivé après ça au Vietnam au SHB Danang, par le biais d'un agent qui m'a placé ici. C'est un hollandais qui vit ici depuis des années et qui a pas mal de joueurs. J’étais en contact avec lui car il gère aussi un de mes amis. Il a apprécié mes vidéos des matches en Angleterre et Slovaquie et je suis venu. Il a cru en moi et ça a marché tout simplement.


Il y a beaucoup d’étrangers ton équipe?


On a le droit à trois étrangers par équipe hors zone Asie, plus un étranger qui a un passeport de n'importe quel pays asiatique. Tous les clubs, ont le maximum d'étrangers souvent, ils prennent un défenseur central, un milieu de terrain et un attaquant, et plus un de la zone Asie qui est souvent attaquant ou milieu.


Qu’est ce qui t’as marqué le plus dans le championnat Vietnamien?


Le niveau technique des joueurs au sens propre du terme, c'est à dire le toucher de balle, le fait de jouer des deux pieds, l'orientation avant de recevoir le ballon, la prise de décision, la qualité de passe, jeu court, comment positionner son corps à la première touche … du très lourd. Ça m'a vraiment impressionné c’est quelque chose auquel je m'attendais pas.


Et en dehors du terrain - il ya de l’ambiance dans les stades?


Je dirai que le plus grand engouement niveau football au Vietnam est au niveau de l’équipe nationale. Nous on avait peut être entre 15 et 20 000 fans tous les matchs. Bien sûr, après, ça varie il ya à des équipes avec plus de fans ou tu vas avoir 40 000 personnes dans le stade d’autres avec seulement 4-5,000.Après, ce n'est pas comme en Angleterre. C'est pas des fans assidus ça va dépendre des résultats de l'équipe. Plus tu gagnes, plus ils vont venir. Et quand tu perd en bas du tableau, il y en a plus beaucoup qui viennent au stade, mais c'est quand même cool.


Et la vie de tous les jours au Vietnam j’imagines que c’était différent de tes autres expériences...


La vie au Vietnam, c'est différent. Tout le monde se lève super tôt. Moi, je suis musulman, et par exemple quand je me levais pour faire la prière le matin - bien sur l’heure dépend - mais quand c'était vers les 5 heures 6 heures, tu avais déjà tout le monde qui était debout. Dans la rue, c'est déjà rempli et t'as déjà des bouchons. Dès que le soleil se lève, ils sont tous debout et ils se couchent plus tôt.Généralement les choses sont plus calme en début d’après midi avec la sieste. C'est un train de vie différent à cause de la chaleur. Les magasins ferment aussi plus tôt sauf si tu es dans la capitale ou Hanoi - il faut juste d’adapter. Moi j’ai eu de la chance d’être tombé sur une ville touristique en bord de mer. Le climat est bien, la vie est vraiment pas mal. Après, je suis allé jouer dans d'autres villes et ça doit être un peu plus difficile si tu vis là bas.




Avec du recul, qu’est ce qui a été le plus dur pour toi?


Sans hésiter ça a été la charge de travail. Ils travaillent complètement différemment qu’en Europe. J'ai pas envie de dire c'est moins professionnel ,mais on va dire que c'est moins organisé. C'est à toi de prendre soin de ton corps. Bien sûr, comme partout, mais ici encore plus. Je sais que c’est pas bien de dire ça mais il faut savoir quand tu ne vas pas te donner à fond lors d'un exercice ou lors d'un travail physique parce que ils vont trop te pousser au maximum. Et pour être honnête, j'ai vu énormément d'étrangers se blesser ici. Malheureusement, la seconde où tu te blesse, c'est fini.Sachant qu'ils ont droit qu'à trois étrangers, et qu’on a les plus gros salaires il faut être hyper performant. Si tu te blesses, c'est fini. Ils vont rompre ton contrat et tu dois attendre le mercato d'après ou tu rentres chez toi, donc il faut vraiment prendre soin de soi. Encore plus que dans les autres pays où je suis allé. Et je pense que c'est ça qui a été le plus, pas le plus dur, mais le plus le plus marquant.


Tu disais que les étrangers avaient les plus gros salaires. Sans être à l’Euro prêt les salaires tournent autour de combien?


Les salaires ici, c’est en dollars nets et c'est à 5 chiffres. Voilà, je pourrais pas te dire exactement combien. Pas parce que je n'ai pas envie de dire mais parce que si des joueurs viennent ici et gagnent moins ça serait bizarre. Normalement, la plupart des étrangers, ces cinq chiffres, et ça paye bien, ça paye très bien. Voilà, c'est un beau cadre de vie. Mais si ce n'était pas pour le salaire, je ne serais pas venu ici pour être honnête.


Tu ambitionnes de rentrer en France avant la fin de ta carrière?


Absolument pas du tout. Tout d'abord, je n'ai jamais eu la chance jouer en pro en France. Mais non, ça ne m'intéresse pas. Parce que les salaires, à part si tu joues en Ligue 1 ou si tu es un gros joueur de Ligue 2 c'est pas très intéressant ,tu vas pas gagner énormément. J'ai beaucoup de potes qui sont des super joueurs qui jouent en Ligue 2 et en National et ils me disent que c'est dur de mettre de l'argent de côté. La vie coûte plus cher. T'as les taxes, ce qui est normal et surtout la concurrence est beaucoup plus rude. La mentalité en France est différente et, pour être honnête, j'aime pas trop. J'ai vu la mentalité à l'extérieur. La mentalité française au niveau du foot ne correspond pas trop à ce que j'aime, à ce qui me fait plaisir quand je joue sur le terrain. J'ai pas envie que tu penses que je crache sur la France et sur le foot français. Aujourd’hui j'ai un bagage technique grâce à ma formation du Stade Rennais. Et encore, ce n'est même pas une formation de centre, c'est une préformation!! Sans les coachs que j'avais eu en France quand j'étais petit et le bagage technique et tactique qu'ils m'ont appris je serai jamais professionnel aujourd'hui.


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