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Writer's pictureFrançois Plattard

Lionel Samba

On a interviewé Lionel pendant le Final Eight à Lisbonne sans se douter un instant qu'un deuxième confinement allait arriver. Retour sur un défenseur central talentueux qui voit les choses en grand, guidé par sa foi.


Bonjour Lionel - tu es un footballeur relativement connu pour ce blog car tu as une fiche FootMercato et TransferMarkt mais pourrais tu revenir sur ton parcours pour nous?


J’ai commencé le foot à l’âge de 12 à l’US Vandoeuvre juste à côté de Nancy avant de rejoindre les espoirs du Foot 2 ans plus tard. C’est une équipe de Lorraine améliorée qui faisait un écrémage pour l’équipe de France U16. Cela m’a permis de me faire repérer par quelques clubs pros comme l’ESTAC (Troyes) mais malheureusement les essais n’ont jamais été concluants. Je me suis donc rabattu sur le SAS Epinal en U17 où on a écrit l’histoire en devenant le premier club amateur qui a atteint les playoffs! J’ai passé des essais au Téfécé et à Dijon qui n’étaient pas concluants avant de signer au Créteil Lusitanos.



Tu as reçu des explications sur tous ces essais non concluants?


Cela dépend des clubs. A Troyes c’était à cause d’un déficit de vitesse. Dans le football moderne quand tu joues au poste de défenseur central il faut être rapide donc cela à été en ma défaveur. A Dijon, Epinal ne voulait pas que je joue là-bas donc c’était plus sur un blocage administratif qu’autre chose. A Toulouse, l’essai se passait super bien jusqu’au dernier match ou je fais une énorme boulette à la 88e minute. Je fais un match énorme, j’ai la balle je peux relancer sur mon gardien mais je décide de relancer sur sur mon 6 (Jean-Clair Todibo) mais interception puis but (Rires).



Tu as fait quelques matchs avec Jean-Clair Todibo - ça se voyait déjà qu’il avait le niveau pour jouer au très haut niveau?


Il avait déjà des qualités physiques, athlétiques et techniques bien au-dessus de la moyenne. Cela à toujours été quelqu’un qui bossait énormément donc ça me surprend pas de le voir au très haut niveau.Après, en toute honnêteté je ne l’imaginais pas aller au Barça si rapidement. Mais c’est aussi cela le foot pro, il y a des concours de circonstances. Un nouveau coach vient, te fait confiance et te lance en Ligue 1 et c’est partit!


Et donc Créteil, tu commences à jouer en Pro?


Créteil faisait une différence entre l’équipe pro et le reste des joueurs. C’était très compliqué pour les jeunes de jouer en équipe première voir de s'entraîner avec eux. J’ai tout de même des supers souvenirs de ce club où jouait Sébastien Puygrenier que j’adorais voir quand il était à Nancy.



A la fin du mercato de l’été 2018 tu pars donc en 3e Division Roumaine au Foresta Suceava?


Le club venait d’être relégué et avait pour ambition de remonter la même année. J’étais super heureux de signer mon premier contrat professionnel, la préparation se passe super bien et la, encore un coup de malchance pour moi avec l’arrivée d’un nouvel entraîneur que certains fans du PSG reconnaîtront Selim Benachour. Il a été très honnête avec moi, il m’a annoncé les choses comme quoi je faisais pas parti de ses plans et du jour au lendemain je suis parti. Il a été très classe avec moi - il m’a acheté mon billet d’avion jusqu’à Paris et mon billet de train pour rentrer chez moi à Nancy.


Quand tu signes en Roumanie tu y vas avec un peu d’appréhension avec tout ce que l’on peut lire sur les salaires non payés etc…?


Pas du tout! Au contraire, je me dis que c’est une opportunité formidable pour enfin jouer en pro et saisir la chance que j’ai jamais eu en France! Je préfère partir loin de la France et gravir les échelons.


La question qui fâche de ce blog - on gagne combien en 3e division roumaine?


J’attendais cette questions (Rires) - avec les primes et tout ça peut changer rapidement mais entre 600 et 1000 EUR par mois. Après ce qu’il faut te dire c’est que là-bas j’étais logé nourri blanchi à l'hôtel donc c’était vraiment de l’argent de poche. En allant jouer en Roumanie c’était vraiment pas l'appât du gain qui m’animait mais plus le fait de pouvoir faire des matchs de façon régulière et de gravir les échelons. J’avais reçu des offres pour jouer en Géorgie avec un salaire aux alentours des 10,000 USD/mois et au Vietnam aux alentours des 8,000/mois mais ma priorité est de jouer et de gravir des echelons dans des divisions où je sais que l’on peut me suivre et voir ma progression.


Comment s’est passé ton retour en France?


C’était super compliqué pour moi surtout le fait de rentrer aussi rapidement après avoir signé. C’était dur à digérer et j’étais perdu. Je me suis rendu compte que j’avais encore beaucoup à apprendre sur le foot et que c’était pas aussi facile que cela. J’ai eu la chance d’être soutenu par un grand frère de cœur, Macky Bagnack qui joue au Partizan Belgrade. Il m’a mis en relation avec quelqu’un pour me faire partir en 3e division bulgare ou j’ai joué pour 2 clubs différents avant de signer au Spartak Varna en 2e division en janvier 2020.



Quel est le niveau de ces divisions bulgares?


Ils ne sont pas trop techniques mais extrêmement physiques. Tout est dans le combat physique et dans l’impact. La technique est propre et basique mais ça reste avant tout des divisions ou physiquement il faut être au top. Ce qui m’a surpris le plus c’est la différence entre l’impact physique auquel j’étais habitué dans les divisions juniors U17, U19 etc… et le monde senior. Beaucoup de joueurs en 2e et 3e division ont joué en 1ere division et/ou à l’étranger donc cela m’a appris à jouer plus simple et plus intelligent.


Il y a souvent des soupçons de matchs truqués en Europe de l’Est surtout dans les divisions inférieures, tu as déjà vu des choses incroyables?


(Rires) Tu as une autre question?



Rapidement après avoir rejoint le Spartak Varna, le championnat s’est arrêté à cause du Covid-19 - comment ça s'est passé pour toi?


On a beaucoup de chance d’avoir un président qui a repris le club et qui est venu avec une certaine force financière. Il a un ranch dans les montagnes où il a invité tous les étrangers et 5 joueurs bulgares qui ne pouvaient pas rentrer chez eux. C’était un super confinement - on avait des chambres très spacieuses, un chef à disposition et une salle de muscu avec jacuzzi et sauna pour entretenir la forme. On avait aussi des activités sur la ferme comme nourrir les poules et les cochons, des balades en quad et des randonnées dans la montagne. J’ai passé un premier confinement super agréable.



Tu es aussi quelqu'un de très croyant - comment arrives tu à concilier cela avec ta vie de footballeur?


En effet je crois en Jésus Christ et j’essaye de suivre l'Evangile. Pendant mon temps libre je prends du temps pour me recueillir et pour jeûner. Je fais partie d’un groupe WhatsApp de joueurs chrétiens comme Achille Anani de Grenoble ou on essaye de s’encourager et de partager notre foi comme etc… Personnellement cela ne m’a jamais posé problème d’être chrétien mais je sais que c’est pas le cas pour tout le monde. Je faisais partie d’un groupe avec Joël Thibault (NDLR le pasteur d’Olivier Giroud) où un club avait demandé à un joueur de Ligue 1 de moins revendiquer sa foi dans le vestiaire sinon il allait être mis de côté. Moi je n’ai pas peur de revendiquer ma foi mais je ne pousserai personne à me suivre. Dans le vestiaire par exemple, je n'écoute pas de musique mais si mes coéquipiers me demandent pourquoi je leur expliquerai mais cela n’ira pas plus loin que ça. Le monde du football va souvent à l’encontre de la foi avec tous ses excès donc j’ai souvent l’impression de nager à contre courant. Par exemple, en Bulgarie, le président souhaitait qu’on aille en boîte de nuit. Pour moi aller en boite de nuit ne glorifie pas le Seigneur et je n’y allais pas. On me voyait souvent comme un OVNI mais je ne le prends pas personnellement et le vis très bien.


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